Je vous salue Parastoo Ahmadi
Je viens d'écouter l'intégral du concert sans public du 11 décembre dernier réalisé par Parastoo Ahmadi, chanteuse iranienne, qui s'est présentée sur scène sans voile, avec une robe noire dénudant ses épaules, accompagnée de ses quatre musiciens. Trois jours plus tard, sa vidéo enregistrait 1,4 millions de visionnements et ça continue.
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En Iran, le port du hidjab est obligatoire et les femmes ne sont pas autorisées à chanter avec des hommes devant public. Elles peuvent chanter dans des chorales ou dans un espace ne réunissant que des femmes. Mais, heureusement, la résistance est forte.
Au début, je pensais bien qu'elle avait enregistré ce concert à l'extérieur du pays. Et non, elle l'a fait chez elle. Et bien sûr, elle a été arrêtée dans les heures qui ont suivi la diffusion de son concert.
Moi, je suis née en 1955 au Québec. Je suis la petite dernière d'une famille de neuf enfants dont quatre sœurs qui m'ont précédé, qui m'ont pour ainsi dire ouvert la voie. Je n'ai pas eu à rien revendiquer. "J'ai tout eu sans rien demander", contrairement à mes sœurs, à ma mère, à mes grand-mères.
Quand j'ai tourné le dos à toutes pratiques religieuses, il y a belle lurette, il n'y a eu personne pour s'en formaliser du moins ouvertement.. Mais, je soupçonne mon père d'avoir, à mon insu, égrené quelques chapelets pour me ramener sur le droit chemin, comme il l'a fait pour que je me détache de mon premier grand amour... un homme divorcé. C'est du moins ce que ma mère m'a confié longtemps après que j'ai rompu avec le "divorcé".
Je suis une électrice assidue même si parfois il m'arrive de penser que la démocratie, la vraie, fout le camp. Je vote selon mes convictions, pas celle de mon conjoint, même si souvent elles se rejoignent partant du principe "Qui se ressemblent, s'assemblent".
Depuis que j'ai l'âge de payer mes vêtements, je m'habille comme je veux dans le respect des standards socioculturels et climatiques Autrement dit, vous ne me verrez jamais faire mon magasinage en maillot de bain, tout comme je n'ai jamais porté de décolleté dans l'exercice de mes fonctions. Je ne me suis jamais maquillée, sinon quand j'ai fait du théâtre, et ce, même si lors de ma première démarche pour trouver un emploi, que je relate dans un article publié en avril 2021, je suis tombée sur un responsable du personnel qui m'a suggéré très très subtilement que j'augmenterais mon employabilité si je me maquillais. On est à l'aube des années 1980. Est-il besoin de préciser qu'il n'a pas été mon premier employeur ? Un choix consensuel ;-)
J'ai eu accès à des études supérieures. J'ai fait mes choix de carrière. Je peux contracter un prêt. Je n'ai jamais eu besoin d'avoir la permission de mon mari pour être syndiquée contrairement à qui apparaissait encore au Code du travail avant sa révision dans les années '80.
C'est facile d'être une femme libérée dans une société qui te reconnaît comme une personne à part entière... aujourd'hui.
C'est difficile, voire dangereux, d'aspirer à la liberté dans une société qui te relègue au rang de citoyenne de seconde zone soumise à des diktats inventés de surcroit par des hommes.
Si ce n'est déjà fait, allez voir le concert de Parastoo Ahmadi. Regardez-le en intégralité. Ce sont 27 minutes, 37 secondes bien investies. On lui doit bien ça pour saluer sa grande détermination, son courage.
Et rappelez-vous quand il est question du droit des femmes rien n'est acquis, même au Québec. Le masculinisme, intimement associé à la résurgence d'un intégrisme religieux catholique, est là pour en témoigner.
Et je signe,
Marielle Langlois
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