Ras le pompon!

Ma mère Angela est née aux États-Unis. Elle y a passé son enfance.  Mon père, Antonio, a également passé les premières années de sa vie aux États-Unis. Leurs parents, étaient au nombre des milliers de canadiens français et anglais ayant migré au Sud pour trouver un emploi. Certains ont choisi d’y vivre. D’autres ont fait le choix de revenir. Ça a été celui de nos grands-parents maternels et paternels. 
Je suis la cadette d’une famille de neuf enfants. Je suis née et j’ai grandi à Drummondville, prononcé Drommondville.
Le nom de la ville et de quelques-unes de ces artères commerçantes (Heriot, Lindsay, Cockburn)  en disent long sur la vague de peuplement à laquelle appartient Drummondville : développement qui s’est organisé non pas sous le régime seigneurial, mais bien sous le régime des cantons, sous le régime anglais.
J'habite à Bécancour depuis nombre d'années ou Bécancour m'habite depuis nombre d'années, ça dépend des jours. En fait, ça dépend des couchers de soleil.

Je travaille à Trois-Rivières, dans le quartier de l’université, un secteur multiethnique de Trois-Rivières. J’aime. Chaque jour, j’y croise des familles, des étudiants, des travailleurs qui témoignent de cette multiethnicité.  J’aime vraiment beaucoup. Je suis au nombre de ceux et celles qui croient que le Québec s’enrichit de leurs différences, de leur présence. Et j’ose espérer que les jeunes, après leurs études, feront le choix du Québec.

Je suis pro syndicaliste. Peut-être parce que j'ai vu mon père travailler à des salaires de misère. Mais aussi parce que je crois à l'importance de maintenir un rapport de force entre les employés et les employeurs.

Je suis pro impôts pour garantir tous les services à tous et chacun : services sociaux, de santé, d'éducation, de transport, etc. 

Je me délecte de l'influence de toutes les cultures, tant dans le contenu de mon assiette, que dans mon quotidien, dans ma vie.

Mon cœur s'émeut, monte aux barricades face aux injustices, à l'intolérance, à la bêtise, ici et ailleurs.

Et comme 70 % des Québécois, je suis pour la neutralité de l'état. Mauvaise idée!

Aujourd'hui, comme 70 % des Québécois, j'apprends que la bienveillance et l'ouverture me font dramatiquement défaut. C'est ça ou bien, comme 70 % des Québécois, je n'ai rien compris de l'enjeu.

Comme 70 % des Québécois, j'ai peur de mon ombre, j'ai peur de disparaître. j'ai peur d'avoir peur.

Comme 70 % des Québécois, je suis raciste et méprisable. Je me complais dans l'insignifiance.
Je me nourris des films de super-héros.

Comme 70 % des Québécois, je suis l'imbécile heureuse, je suis la brebis galeuse. Nous sommes le troupeau égaré.

Comme 70 % des Québécois, je suis l'hurluberlue à convaincre, la pénitente à ramener dans le droit chemin.

Pour cela, tous les moyens sont bons. On y va à grands renforts de statistiques, éditoriaux, constats, réprimandes, études, rapports, chantages émotifs, dénonciations, pétitions, rappels amicaux.

Tous les porteurs sont à l’œuvre : philosophes, psychologues, sociologues, artistes, blogueurs, humoristes, satiristes, etc.

Tous les tons sont permis. Cela va du ton mesuré au ton démesuré, voire jusqu'au délire, dans les deux    camps : celui du pour et celui du contre.

Tous les parallèles sont permis, même les moins parallèles. Tout pour nous faire sentir, nous les 70 %, ignobles et mesquins.

Le peuple, le bon peuple doit comprendre, doit se rendre à l'évidence, reconnaître son égarement, se rallier aux 20 % qui savent, qui comprennent. 

Jusqu'aux Manitobains qui, récemment, s'insurgeaient contre la Loi 21.  Ils sont à la veille de débarquer au Québec par vols nolisés pour venir nous dire qu'ils nous aiment. Ce ne serait pas la première fois.
 
Je ne sais pas ce qui en est pour les 70 % des Québécois, mais moi, Marielle Langlois, j'en ai ras le pompon.

Je pense que le Québec d'aujourd'hui est l'heureux résultat de toutes ses influences à travers les époques: de ceux et celles de ceux et celles qui ont fait le choix de le construire,  d'y vivre, hier, aujourd'hui et demain. Nous sommes tous un peu autochtone, un peu français, un peu irlandais, un peu italien, un peu allemand, un peu haïtien, un peu polonais, un peu chinois, un peu kurde, un peu marocain, un peu iranien. Nous sommes le Québec. 

Et le Québec a fait le choix de la neutralité de l'état, tout en gardant à tous et chacun le privilège, le droit de vivre pleinement, démocratiquement leur allégeance sociale, politique et religieuse, partout, partout, même au travail, mais sans signes religieux.

Un juif n'est pas moins juif, s'il ne porte pas de kippa. Un sikh n'est pas moins sikh, s'il ne porte pas de dastar. Comme un prêtre n'est pas moins prêtre parce qu'il ne porte pas de col romain. L'habit ne fait pas le moine. Notre premier ministre canadien l'a appris à ses dépens lors d'un voyage récent. 

D’aucuns diront que la majorité n’a pas tous les droits. Non seulement elle n’aurait pas tous les droits, mais on attend d’elle qu’elle protège les droits des minorités. 
J’appartiens moi-même à une minorité : une minorité de francophones concentrés au Québec, mais dispersés ici et là au Canada. Comme membres d’une minorité, pouvons-nous compter que la majorité des anglophones protège nos droits?
Dans l’affirmative, faudrait peut-être en glisser un mot au gouvernement de Doug Ford ;-). 

J'entends mes détracteurs penser : un autre fichue nationaliste frustrée.

Ça fait un bail que j'ai fait une croix sur l'indépendance du Québec.
Aujourd'hui, en 2019, je crois que la principale menace pour la langue vient des francophones eux-mêmes. 
Je crois à un Québec inclusif. 
Je crois que les symboles religieux ont leur place, toutes religions confondues, mais pas toutes fonctions confondues. 

Je crois à la neutralité de l'état. 

Marielll


 





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