Coupable d'être victime

Simon Jolin-Barrette a eu une dure semaine. Il a littéralement frappé un mur!

D'abord, il a déposé son projet de loi sur l'immigration, un projet mort dans l’œuf, heureusement. Sa réforme telle que proposée a soulevé un tollé, un tsunami d'objections.

Alors qu'il en était à formuler des excuses entre deux laïus des partis adverses réclamant sa tête... Coup de théâtre! Il se fait voler des documents de travail dans son véhicule de fonction.

Le voleur ainsi que le maigre butin de sa tournée dans le stationnement public de l'Édifice G sont vite retrouvés. Et pourtant, les commentaires acerbes fusent de toutes parts. On s'en gargarise.

"Quelle insouciance! Quelle imprudence! La preuve indéniable de son incompétence, de son irresponsabilité" clament tous et chacun. Une brèche dans la sécurité de l'État de l'avis d'un expert.

La libérale Marwah Rizqy d'en rajouter:  " Ma mère m’a appris de ne pas laisser ma sacoche dans l’auto! Je pense qu’on ne laisse pas des documents de travail dans l’auto et pour un ministre qui est aussi avocat de formation, il sait très bien que tout document peut être important et par conséquent, c’est vraiment de l’imprudence. Les voitures de fonction sont des vans noires. Les gens sont capables d’identifier une voiture de fonction et qu’un ministre laisse des documents en pleine vue, il demande pratiquement à se faire voler. Dans son cas à lui, les erreurs s’accumulent», tranche Mme Rizqy."

Un jour, je me suis fait voler ma sac à main dans une épicerie, sac que j'avais négligemment laissé dans mon panier à un mètre de moi, à portée de main, comme trop de personnes le font encore aujourd'hui. Je touchais la poignée du panier quand la jeune femme a pris mon sac. Je l'ai même vu faire. J'ai vu son intention dans son regard, mais j'ai pensé qu'elle n'oserait pas. Et bien, elle a osé. Elle a pris mon sac et elle est partie en courant. Plus frustrée que choquée, je l'ai poursuivie dans les allées de l'épicerie. Je l'ai rattrapée. J'ai essayé de récupérer mon sac. 

On s'est un peu bousculées. À un moment donné, un employé s'est interposé et nous a demandé ce qui se passait. Je lui ai répondu : "Elle a pris ma bourse".  Et elle de rétorquer effrontément : "Non c'est la mienne". Elle l'ouvre,  prend mon portefeuille et vérifie son contenu... comme si c'était moi la voleuse. Je dis à l'employé: "Je m'appelle Marielle Langlois. Elle a pris mon sac. Prenez-lui mon sac, prenez-lui mon portefeuille". Il nous demande de le suivre dans un bureau. Il a repris mon sac, mais elle a toujours mon portefeuille dans ses mains. Pendant le court trajet, je peux la voir retirer l'argent de mon portefeuille. Arrivées dans le bureau, l'employé nous laisse seules quelques minutes. Je dis à la jeune femme : "Redonne-moi mon portefeuille et mon argent et je ne porterai pas plainte." Elle me redonne mon portefeuille et l'argent en intégralité.

Un policier entre dans la pièce. Je l'informe de mon intention de ne pas porter plainte. Il me dit que ce n'est pas l'idée du siècle et m'offre de rencontrer un enquêteur avant de prendre une décision. On est amenées au poste de police. Je rencontre l'enquêteur. Il entre dans la pièce avec un dossier épais comme un dictionnaire et me dit qu'il s'agit d'un réseau et qu'en portant plainte, je leur rendrais un fier service. Par ailleurs, il m'a recommandé de ne plus JAMAIS courir après un voleur. La personne pourrait avoir une arme ou encore elle aurait pu être accompagnée d'un complice armé protégeant ses arrières. 

Bref, il m'explique que cette jeune femme, dans le bas de la pyramide du réseau, vole les bourses, garde l'argent, remet les cartes de crédit à d'autres personnes du réseau, et si les informations contenues dans la bourse ou le portefeuille laissent à penser que la résidence offre des éléments d'intérêt tels qu'équipements et  bijoux, d'autres prennent le relais. 

Finalement, j'ai porté plainte.  Il n'y a jamais eu de procès. Le jour du procès, plusieurs mois après l'événement, la jeune femme était hospitalisée, en phase terminale,  pour une hépatite B. 

Cet événement remonte à plus de trente ans.  Dans ce temps-là, quand on se faisait voler, on était la victime. 

Message aux détracteurs - Posez-vous la question. Si l'incident avait mis en cause un membre de votre parti, auriez-vous tenu les mêmes propos, avec la même véhémence?

Dans l'affirmative, je salue votre intégrité, quoique je vous trouve sévère, parce qu'avant d'être avocat, même avant d'être un voleur,  on est d'abord humain.

Dans la négative, vos propos se rapprochent davantage de la mesquinerie et il serait de bon ton de vous garder une petite gêne.

Non, la fin ne justifie pas toujours les moyens.

Marielll
P.-S. N'importe quel assureur vous le dira : on n'est jamais à l'abri d'un vol même avec portes et fenêtres barrées.




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