Larmes du crime

Extrait d'un article lu dans la revue de presse 

Le bébé de 36 semaines est mort-né à la suite des nombreuses blessures infligées à sa mère.  L'assaillant, en l'occurrence le conjoint, le père, a écopé de 15 ans de prison. 

Je ne veux pas débattre de la sévérité de la peine. Je ne connais pas les innombrables tenants et les aboutissants associés au procès. À la lumière du détail de la preuve, la justice a tranché, point à la ligne. 

Non, ce qui m'interpelle, c'est le choix de l'arme et ce qu'elle évoque pour moi plantée dix-neuf fois dans le corps de sa femme, dont neuf fois - un coup porté pour chaque mois de grossesse - dans le corps de son bébé à naître, notamment une fourchette à viande.  

Une banale fourchette à viande, comme on en retrouve dans toutes les cuisines, celle qu'on prend pour tourner ou pour fixer une pièce de viande en vue en vue de la découper en tranches. 

Ce qui me jette à terre, également, c'est toute la cruauté derrière l'agression. Il quitte la maison, sa femme baignant dans son sang et ses deux autres enfants témoins impuissants de la scène, en emportant le seul téléphone de la maison. 

Bien sûr, la cruauté ne tient pas la route, si de son point de vue, il n'a fait que retourner et découper une pièce de viande, SA pièce de viande. 

Je voudrais ne pas avoir lu cet article. C'est le genre de nouvelle qui me bouleverse, me vire à l'envers. Mais je l'ai lu.

Un geste cruel et combien de vies brisées. 

La femme a survécu physiquement à ses blessures, mais les pires souffrances, les plus tenaces, les plus permanentes ne sont pas toujours physiques.  

Pire, elles ne sont pas visibles.

Je ne ressens pas de colère.

Tout cela, pour moi, est d'une infinie tristesse. 

La cruauté, la cruauté pure et dure, existe.

Ce n'est pas une primeur, mais un constat que certains événements nous rappellent avec une régularité effarante. 


Marielll






Commentaires

  1. La cruauté est l'expression d'un immense mal-être. Une personne saine d'esprit et en paix avec elle-même n'a pas de tels gestes. Pour tenter de soulager sa souffrance, il la redistribue, à ceux qui l'aiment en dépit de son mal-être, ou à ceux qui sont heureux en dépit de sa détresse à lui. Je souhaite à cette famille, incluant à cet homme qui a commis un acte immonde, de beaucoup travailler sur eux-mêmes au cours des prochaines années. Reconstruction de l'estime de soi, pardon, acceptation de ce qui ne peut être changé. Apprendre à s'aimer, ça prend du temps et ça demande parfois (souvent) d'emprunter des chemins de traverses qui ne sont pas des raccourcis pavés de briques jaunes.

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    1. Salut Julie Lang, "La cruauté, dis-tu, serait l'expression d'un immense mal-être". Je veux bien. Donc, si je suis ton raisonnement les trente hommes qui ont violé récemment une adolescente souffrent d'un profond mal-être (Presse internationale). Je ne veux pas nommer le pays parce que ça arrive partout dans le monde.

      L'homme qui a abusé et torturé sa fille en éteignant ses mégots de cigarettes sur ses organes génitaux souffre également d'un profond mal-être. Ça s'est passé dans le nord de la Mauricie.

      Dans le fond Julie, ce que je veux dire c'est que peu importe ce qui la motive, ce qui l'anime, peu importe les moyens utilisés pour la contrer, et j'ose croire que nos sociétés partout dans le monde travaillent à la contrer, il n'en demeure pas moins que la cruauté existe.

      C'est drôle quand il est question de cruauté animale personne ne remet le phénomène en question. C'est acquis. C'est condamnable, par négligence ou par volonté. Mais quand il est question de cruauté humaine. On nuance. On justifie. La cruauté humaine existe, comme la bonté humaine existe. Je vais même te surprendre, souvent elle cohabite dans la même personne. La cruauté pure et dure existe. Je persiste et signe.

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    2. Petite correction à ma réponse initiale. Quand je parle de cruauté animale, je parle plutôt de cruauté envers les animaux.

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  2. C'est certainement un geste abominable, mais j'ose croire qu'il n'a pas agi par cruauté. Une personne cruelle prend plaisir à faire du mal. J'espère qu'il n'a pas pris plaisir à blesser sa femme et à tuer son enfant.

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  3. Une personne cruelle prend plaisir à faire du mal? Je ne pense pas que ce soit une notion de plaisir.

    Dans Le Larousse, on définit la cruauté comme une tendance à faire du mal, à faire souffrir. Et la tendance se définit par une disposition naturelle, une prédisposition pour "diverses raisons"... à faire du mal, à faire souffrir. Le sadique prend plaisir à faire du mal.

    Je pense que la cruauté est davantage animée par un sentiment de pouvoir, une volonté de domination, par le mépris, plutôt que comme un sentiment de plaisir. Mais je peux me tromper,

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