La question qui tue

                      L'Effet des rayons gamma sur les vieux garçons, une pièce de Paul Zendel adaptée par Michel Tremblay et mise en scène par André Huet avec Marielle Langlois, dans le rôle de la mère, la deuxième à partir de la droite, présentée à la Polyvalente La Poudrière, 1972


Automne 1978,  après un an d'université en comptabilité à l'UQAM et la réception de ma bourse étudiante de l'ordre 38 dollars, je me désespère et tire ma révérence. 

J'ai 22 ans. Je pars à la recherche d'un emploi permanent.

Deux de mes soeurs ayant tracé la voie dans les caisses populaires, je me présente à la Caisse populaire de Saint-Simon de Drummondville pour offrir mes services. Le responsable du personnel me rencontre. 

Brièvement, on aborde mon cheminement et ma motivation. Rapidement on tombe dans le vif du sujet, le nerf de la guerre. Je le rappelle... nous sommes en 1978, l'année, entre autres de, Les Fées ont soif de Denise Boucher et de Mourir à tue-tête de Anne Claire Poirier. On est encore de plain pied dans le mouvement de libération de la femme

Lui, s'avance sur sa chaise, et me pose la question qui tue : "Vous ne vous maquillez pas?". 

Non, dis-je, je ne me maquille pas. Je ne me maquille jamais. Un choix personnel. 

Et d'ajouter : "En fait, les seules fois où je me suis maquillée, c'est quand j'ai fait du théâtre... pour jouer un personnage".

Et lui de me répondre : Ici, à la Caisse populaire nous aimons que nos employées se maquillent. Ça ajoute une petite touche de féminité. C'est agréable à l'oeil. Ça fait plus fini, vous comprenez. Plus soigné. J'avais l'impression qu'il parlait d'un rideau de dentelles qu'on met à la fenêtre.

À la fin de l'entrevue, il m'a servi la formule consacrée : " Je garde votre CV et si un poste s'ouvre..."

Mais quand on s'est laissés, nous savions, lui et moi, que je ne travaillerais jamais à la Caisse populaire de Saint-Simon.   

Finalement, j'ai été engagée, sans maquillage, à la RBC soit la Royal Bank of Canada de Saint-Frédéric à Drummondville. J'y suis restée cinq ans. On y revient dans le prochain billet.  

Marielll


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