Poukisa?
Quand Yves, mon conjoint, m'a appris la survenue d'un autre séisme à Haïti, hier, je venais de tourner la dernière page du livre Les villages de Dieu d'Emmilie Prophète, une magnifique auteure haïtienne que j'ai découverte par l'intermédiaire de Dany Laferrière, dans sa lettre rédigée à la suite du coup d'état du 7 juillet dernier, coup d'état survenu dans un pays déjà largement éprouvé.
Un livre que j'ai lu d'un trait. Un livre que j'ai fermé en me posant la sempiternelle question : Pourquoi?
Ce matin, je lisais dans le fil de presse que le tremblement de terre avait tué plus de 308 personnes, quelques heures plus tard le décompte était rendu à 724 morts et plus de 2 800 blessés téléportés en quelques secondes dans un paysage de désolation. Pourquoi?
Et pour ajouter à la détresse, Haïti pourrait, mercredi soir, subir les foudres de la tempête tropicale Grace. Pourquoi?
Je ne crois pas à la fatalité. Trop facile.
Les séismes sont des phénomènes naturels, les inondations sont des phénomènes naturels, les glissements de terrain, les chaleurs extrêmes, les vents violents, phénomènes météorologiques et géologiques amplifiés au cours des dernières décennies par les changements climatiques, sont des phénomènes naturels. Les conflits sont l'Histoire de l'Homme.
Ce qui n'est pas naturel, c'est que des gens habitent des zones inondables, se construisent en zones de contraintes. Ce qui est déplorable c'est que nombre d'habitations, dans trop de pays, ne sont pas construites pour atténuer, pour limiter les conséquences d'un séisme. Ce qui n'est pas naturel, c'est de vivre avec un grand creux dans l'estomac, de s'endormir avec des pétarades de kalachnikovs en fond sonore.
Par ailleurs, tout le monde n'est pas armé de la même façon pour faire face à un désordre climatique ou social.
Étrange, ce même matin du 14 août, je recevais d'une cousine des photos de ses petites-filles en vacances aux Îles-de-la-Madeleine avec leurs parents, photos que j'ai commentées. "Ils sont en train de se faire une banque de souvenirs inoubliables : première journée à la plage, premier château de sable, premier enterrement par papa et maman sous le sable chaud."
Qu'est-ce qui fait que les souvenirs inoubliables pour certains sont souvent heureux alors que les souvenirs de certains autres sont trop souvent inoubliablement tragiques?
Pourquoi est-il donné à des enfants de grandir, de se construire à l'abri des dangers, alors que d'autres enfants vivent en mode survie dans un environnement socio-politiquement et climatiquement hostile?
Poukisa?
Marielll
Merci de ne pas "liked".
Ceux et celles qui ont lu Les villages de dieu comprendront pourquoi. Les autres, je l'espère, voudront le lire.
Bilan au 20 août pour Haïti : 2189 morts et près de 12 000 blessés. Sans commentaire.
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