The power of a slap

On a fait grand cas au cours des derniers jours de la gifle de Will Smith servie sur " un " plateau à Chris Rock, l'animateur de la sacro-sainte cérémonie des Oscars 2022; ce très flamboyant déploiement de robes et de tuxedos sur tapis rouge qui, d'année en année, comme la majorité des galas, perd en intérêt et, du même coup, en commanditaires. 

Une baffe sur la tronche aura relayé l'invasion en Ukraine au rang des faits divers pendant quelques jours et tout cela parce que Chris Rock aura eu l'impudence de faire un parallèle entre deux belles têtes, celle de Jada Pinkett Smith et celle de Demi Moore dans le film à G.I Jane.                                  

Personnellement, je pense que l'on a mis en scène cet esclandre vaudevillesque pour ajouter du piquant à un gala en perte de vitesse.  

Je n'y crois pas... Il aurait suffi d'une toute petite mornifle pour indisposer une foule pomponnée et rassemblée pour rendre hommage à des productions cinématographiques dont une majorité, bon an mal an,  est empreinte de violence, et plus particulièrement, celle qui aura remporté l'Oscar du meilleur film : The Power of the dog. Un grand film, soit dit en passant.  Un film dur!  À voir!

Je n'y crois pas... Il aura suffi d'une toute petite claque pour offenser un auditoire de salon qui, au quotidien, se délecte de séries, de films et de reportages violents toutes frontières confondues, et qui, disons-le, n'ont pas toujours l'envergure de Power of the dog.  

Dans l'heure où Will Smith giflait Chris Rock,  4, 6 personnes mouraient par les balles aux États-Unis; une triste moyenne calculée sur la base du seuil annuel atteint en 2021, soit 40 726 morts.

Pour moi, cette gifle, c'est de la frime, que de la frime pour mousser un gala en perdition. 

Ma conviction s'appuie sur deux raisons. 

La première étant que la claque administrée réunissait le bon émetteur et le bon receveur. 

Imaginez la même situation avec Billy Chrystal comme animateur. 

Imaginez la même situation avec Mary Elizabeth Winstead, dans le rôle de la femme offensée et Ewan McGregor dans le rôle du mari "vengeur".

Chez nos voisins du Sud, ça se serait conclu en émeute dans la rue. 

Imaginez la même situation avec Jada Pinkett Smith montant sur scène pour gifler l'insolent. 

Ça n'aurait pas passé. Encore aujourd'hui, une femme en colère, c'est juste laid. Autant certains verront dans le geste de Will Smith, au-delà de de sa masculinité toxique hautement dénoncée,  un petit fond de romantisme, autant la colère d'une femme est hystérie, sans subtilité et inadmissible.

Ce qui m'amène à l'autre raison qui me fait croire à une mise en scène. 

Est-ce qu'il s'agit bien ici d'humour toxique? 

Quand on est affecté d'une maladie, on n'aime pas se le faire rappeler, même avec humour, et je conçois aisément que cela puisse générer colère, frustration, contrariété, irritation, tristesse et donner l'envie d'un coup d'éclat. Rêvons, imaginons Jada Pinkett Smith quittant la salle, lentement sous l'œil des caméras. 

Mais sincèrement, je ne pense pas qu'il soit question ici d'humour toxique. 

Sinon, est-ce qu'il est question ici d'indélicatesse, d'offense, de méchanceté, voire d'humiliation?

Pour introduire sa blague, Chris Rock a lancé un gros "Je t'aime" à la volée et a enchaîné toujours en s'adressant à Jada Pinkett Smith : "J'ai hâte de te voir dans G.I. Jane 2". 

En comparant les photos de l'une et l'autre, Demi Moore en G.I. Jane et Jada Pinkett Smith, j'essaie d'imaginer la frustration, l'humiliation de Jada Pinkett Smith d'être comparée à la première. Peut-être que je manque d'imagination,  mais je n'y arrive pas. 

Affiche promotionnelle du film G.I. Jane et photo de Jada Pinkett Smith extraites du Web 

Au plan strictement esthétique, vous en conviendrez, on aura déjà vu une comparaison plus inappropriée, plus blessante que celle faite par Chris Rock formulée sur la pointe des pieds et sur le bout des lèvres et avec des gants blancs. 

De la frime que de la frime hollywoodienne!

Je ne regarde jamais les galas et les cérémonies du même genre. Et l'anecdote programmée survenue aux Oscars me conforte dans mon choix. 


Marielll 
















Commentaires

  1. Je te dirais de lire cet article : https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/692316/derriere-la-gifle Ça donne une perspective que nous, blancs privilégiés, avons peu conscience.

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    1. Salut Julie, Je suis revenue sur ton commentaire par courriel. Merci de me suivre. Marielle

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  2. Moi aussi, je n'y croyais pas... Mais la mise en scène perdure trop : Will Smith vient d'être banni de la cérémonie pour 10 ans...

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    1. Pauvre lui! Banni 10 ans. Est-ce que tu as suivi la saga des influenceurs partis en voyage nolisé vers le Sud? Quand je dis suivre, je pense "entendu parler". J'imagine que oui. Ils auraient pu partir en voyage en catimini, sans fanfare, ni trompette. Pendant le vol, ils ont bu, ont fumé, ont voyagé sans masques, ont multiplié les contacts. Ils auraient pu le faire entre eux. Et non.

      Pour brasser la cage et jouer pleinement leur rôle d'influenceurs, et pour être bien sûr que l'on parle d'eux, ils se filmés et ont pollué les médias sociaux de leurs frasques. Que cherche un influenceur Pierre? Faire parler de lui, bien sûr. Ce voyage leur a donné une tribune inespérée à eux et à l'autre bozo qui s'est pavané , bandé virtuellement, lors d'une conférence de presse affichant, en fond d'écran, les drapeaux du Québec, du Canada et des États-Unis (vu de mes yeux vu à Infoman).

      Eux autres, comme Will Smith, aussi ont été pénalisés. Je pense qu'ils ont tous reçu une contravention de quelques milliers de dollars. Who's care? si on met dans la balance la visibilité obtenue.

      Aux deux raisons qui me font pencher pour la frime, j'ajouterais trois observations : la réaction passive de Chris Rock à la gifle reçue, le fait que l'événement a fait monter en flèche la vente de billets de son spectacle; spectacle dans lequel il a promis de revenir sur cet événement.

      Et enfin, dans mon billet quand je parle de Will Smith comme le bon émetteur, c'est aussi parce que Will Smith n'est pas en début de carrière. Dix ans, sans gala, c'est une pause, qui plus est, ça lui permet d'économiser 160 000$, soit le coût d'entrée pour deux personnes au party qui suit le cérémonie. Enfin, s'il est banni des cérémonies, ça ne l'empêche de prétendre à un oscar au cours des dix prochaines années de son bannissement : L’Académie n’a pas mentionné une quelconque interdiction pour l’acteur de prétendre à de futurs Oscar. (Extrait de https://www.ledevoir.com/culture/cinema/697416/will-smith-est-banni-de-toute-ceremonie-des-oscar-pour-dix-ans)

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